Dans les années 1920, des monuments commémoratifs ont été érigés dans la plupart des communes de France et du Calvados (à l’exception notable de Caen). Ce mouvement d’édification a plus particulièrement pris place entre 1920 et 1922 dans le Calvados.
Ces monuments ont été voulus par les municipalités et les habitants pour marquer le deuil et la mort des jeunes hommes de la commune. En effet, seul le monument pouvait être porteur du souvenir de ceux qui pour la plupart ont été enterrés dans les nécropoles nationales du Nord et de l’Est ou qui ont disparus dans les zones de combat mais pas qui n’ont pas reçu de sépultures dans leur commune d’origine.
Dans chaque village ou ville, le monument, souvent central, est un lieu de commémoration et de mémoire des sacrifices consentis pendant la guerre par les soldats eux-mêmes mais aussi par les familles et par la commune qui a sacrifié sa jeunesse.
Les monuments sont des "tombeaux symboliques" du fait de l’absence de corps, ce sont donc de simples cénotaphes.
Sur ces monuments une inscription vient en général marquer la reconnaissance de la communauté à ceux qui ont combattu pour la victoire, ils sont aussi la marque d’une douleur partagée par tous.
Les monuments portent à la fois les noms des soldats morts (morts au combat ou des suites de blessures de guerre ou encore des suites de maladies contractées en service) et ceux des soldats disparus. Les disparus, selon la définition officielle, sont des soldats présumés morts puisque leur corps n’a pas été retrouvé ou n’a pas été identifié. Dans ce cas, la déclaration de morts s’est souvent faite par décision de justice quelques années après la fin du conflit.
Les recherches et le projet :
La difficulté majeure a résidé dans la différence entre prénoms de baptême et prénoms d’usage. Ce sont ces derniers ou l’initiale de ceux-ci qui ont été systématiquement gravés sur les monuments aux morts. Le prénom d’usage a logiquement été choisi pour figurer sur ce lieu de mémoire car c’est celui sous lequel les habitants connaissaient le soldat, or ce prénom n’est pas toujours le prénom de baptême, ce qui complique la recherche. Le prénom de baptême était, souvent, un prénom officiel, utilisé par l’état civil, les actes officiels et l’armée mais pas par l’entourage ni au quotidien. Un prénom d’usage et de baptême différents ne représentent pas des exceptions au début du XXème siècle. C’est pourquoi la fiche de certains poilus répertoriés sur les monuments étudiés n’a parfois pas pu être renseignée avec certitude.
Ce projet visait à comprendre l’édification de ces monuments commémoratifs mais aussi à retrouver, au travers de ces poilus, les conditions de mort, les lieux de combat et un peu du parcours de chacun d’entre aux.